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Le bréviaire de Fairing

17 janvier 2022

France - Instauration du crédit social et restauration des privilèges sous l'ère Macron

 

Nous sommes désormais tous en liberté conditionnelle et la majorité n'y voit pas d'objections (tétanisée par la peur). Qu'on le valide ou pas, l'ère Macron restera comme celle de l'instauration d'une forme de crédit social. Désormais si un individu (je ne peux plus dire "citoyen") refuse de se conformer à une injonction gouvernementale (même sans qu'elle soit une obligation légale), sa liberté pourra être réduite, et il est à craindre que ce principe va essaimer dans tous les domaines (sécurité, santé, climat, société, pourquoi pas moeurs ou autres critères absurdes selon le gouvernement qui sera au pouvoir, etc.). La phrase de Macron suffirait dans une démocratie normale à délégitimer cette loi, qui à vrai dire, n'est plus une loi, mais un privilège accordé à certains : « Une société où un seul organe se croit détenteur unique et exclusif de la raison d’Etat et de la morale concrète d’Etat, ou un gouvernement s’oppose par principe au peuple» est une société où la «mauvaise conscience invente des lois de vengeance» (Marx).

En 2015, il y a moins de 7 ans, nous avons eu peur que les islamistes nous empêchent d'aller boire un verre en terrasse ou d'écouter de la musique (hashtags #TousAuBistrot #JeSuisEnTerrasse etc.).
Qui aurait parié que ce voeu serait réalisé par notre propre gouvernement ?

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23 mars 2020

Taha Bouhafs, Virginia Woolf et le gingembre

Fin février 2020, la gauche dite "radicale" se déchire entre gingembristes et antigingembristes :

Twitter Taha Bouhafs ginger

 

 

Des figures tutélaires sont sommées de se positionner, d’Olivier Besancenot à Frédéric Lordon :

 

 

Taha Bouhafs Besancenot ginger

 

 

 

Taha Bouhafs Lordon ginger

 

 

Aimer ou pas le gingembre…

Au début du vingtième siècle, Virginia Woolf avait fait de cette question un traitement quasi existentiel dans son premier roman (The Voyage Out, 1915) à l’occasion d’un dialogue, au chapitre XIX, entre Rachel, la jeune héroïne, et Miss Allan, une professeure de littérature anglaise :

Elle chercha quelque chose du regard autour d’elle et vit alors un pot sur la cheminée, qu’elle descendit et tendit à Rachel. « Si vous plongez votre doigt dans ce pot, vous pourrez en extraire un morceau de gingembre confit. Etes-vous un prodige ? »

Mais le gingembre était au fond, et on ne pouvait l’atteindre.

« Ne vous en faites pas », dit-elle, cependant que Miss Allan cherchait quelque autre instrument. « Je crois que je ne devrais pas aimer le gingembre confit.

- Vous n’avez jamais essayé ? s’enquit Miss Allan. Alors, à mon avis, je considère qu’il est maintenant de votre devoir d’essayer. Voyons, vous pouvez peut-être ajouter un nouveau plaisir à l’existence, et comme vous êtes encore jeune… » Elle se demanda si un crochet à bottines ferait l’affaire. « J’ai pour principe de tout essayer, dit-elle. Ne pensez-vous pas qu’il serait très fâcheux que, goûtant du gingembre pour la première fois sur votre lit de mort, vous découvriez que vous n’aviez jamais rien mangé d’aussi bon ? Moi, j’en serais tellement fâchée que je crois que ça suffirait à me rétablir. »

Elle arrivait maintenant à ses fins, et un morceau de gingembre émergea au bout du crochet. Tandis qu’elle se mettait en devoir d’essuyer le crochet, Rachel mordit dans le gingembre et immédiatement s’écria : « Il faut que je le crache !

- Etes-vous sûre de l’avoir réellement goûté ? » exigea Miss Allan.

Pour toute réponse, Rachel le jeta par la fenêtre. 

 « Cela a été une expérience, en tout cas, fit Miss Allan calmement. »

Pour ceux qui connaissent la fin de ce roman, ce passage prend une dimension, une saveur particulière.

 

Plus loin, au chapitre XXIV, Miss Allan se souviendra de cette anecdote, tandis que la jeune et la vieille génération (Rachel 24 ans et Mrs Thornbury 72 ans) se ligueront contre elle :

Bienveillant, son regard s’attardait sur leur couple, et, après une courte pause, regardant Rachel comme si elle s’était souvenue de quelque chose qui permettrait de la conserver distincte des autres, elle observa :

« Vous êtes cette personne remarquable qui n’aime pas le gingembre. » Mais le sourire qui éclairait de bonté son visage courageux et passablement marqué leur fit sentir que, bien qu’elle se souvînt à peine d’eux en tant qu’individus, elle avait déchargé sur eux le fardeau de la nouvelle génération.

« Et en cela je suis en parfait accord avec elle », dit une voix derrière eux ; Mrs. Thornbury avait surpris les derniers mots concernant le gingembre. « Il est associé dans mon esprit à l’une de nos horribles vieilles tantes (la pauvre, elle souffrait horriblement, et il n’est pas juste de la traiter d’horrible) qui avait l’habitude de nous en donner lorsque nous étions enfants, et nous n’avons jamais eu le courage de lui avouer que nous ne l’aimions pas. On se contenter de le recracher dans le massif d’arbustes – elle avait une grande maison près de Bath. »

 

 

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8 mars 2019

L'Étudiante (1880), Nikolaï Yarochenko

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L'Étudiante (1880), Nikolaï Yarochenko

 

 

 

9 février 2018

Karl Marx sur l’ubérisation de la société

« La dynamique du capitalisme est aujourd’hui bien celle qu’avait prévue Karl Marx » C’est ainsi que l’économiste Patrick Artus titre sa dernière note pour  la banque Natixis (https://www.humanite.fr/sites/default/files/karl-marx_natixis.pdf). L’occasion est belle de revenir sur ce que Karl Marx aurait pensé de l’ubérisation de la société, équivalent contemporain et ripoliné de ce qu’on appelait jadis le « salaire à la pièce » :

« Le salaire aux pièces étant donné, il est naturellement dans l’intérêt personnel du travailleur de solliciter sa force de travail avec la plus grande intensité possible, ce qui facilite pour le capitaliste l’élévation du degré d’intensité normale. De même, il est dans l’intérêt personnel du travailleur d’allonger la journée de travail parce qu’ainsi son salaire journalier ou hebdomadaire augmente. D’où, aussi, la réaction déjà décrite pour le salaire au temps, sans compter que l’allongement de la journée de travail, même si le salaire à la pièce reste constant, inclut en soit un abaissement du prix du travail. {…] Il ressort de tout ce qui a été exposé jusqu’à maintenant que le salaire aux pièces est la forme de salaire qui correspond le mieux au mode de production capitaliste. » Karl Marx,Section 6, Chapitre XIX (Editions sociales)

 

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8 septembre 2017

Nous sommes tous des passeurs !

 

 Casseurs Cueilleurs

 

Le doux mot de « passeur » nous a été subtilisé : il est l'euphémisme désormais couramment employé pour désigner des trafiquants d’humains. Le mot s’est ainsi chargé d’horreur, d’un opprobre général. Il n’y a pas si longtemps, avant les années 2000, c’est la Résistance qui lui était d’abord associée : le réseau Georges Garel pour les Juifs, le réseau Pat O’Leary ou « Françoise » pour les militaires britanniques, etc. Il n’est pas indifférent, en ces nouveaux temps de chasse à l’homme, que nos ennemis de langue française aient préféré pirater ce vocable plutôt que de piocher dans un lexique plus compromettant pour eux. C’est qu’à évoquer le commerce de clandestins, ou bien les marchands d’êtres humains, bien grand est le risque de laisser percevoir la filiation entre l’idéologie capitaliste dominante et l’une de ses manifestations, d’en révéler l’accord de fond, le partage des mêmes « valeurs » de cupidité. Car l’activité n’est intrinsèquement rien d’autre que le prolongement d’un ordre établi fondé sur la volonté généralisée d’accumuler les richesses, sur la destruction créatrice et la production de valeurs. Baptiser d’un nom puisé dans un registre plus lointain permet de dissimuler la proximité idéologique des acteurs, dont la logique et les motivations correspondent parfaitement à celle portée par le système. Il est vrai que ce dernier sécrète une législation supposément « régulatrice », destinée à contenir deux dangers : les ennemis de l’ordre en place et les collaborateurs qui exagèrent. Les seconds sont des alliés objectifs du capitalisme et ne font que prospérer sur l’engrais déjà déversé. L’esclavage, l’asservissement des femmes, le colonialisme, l’exploitation d’autrui, l’impérialisme, le pillage de la nature ne sont pas des excroissances étrangères au mode de fonctionnement du capitalisme, ils en sont au contraire l’aliment. De même, le trafic, quel qu’il soit, n’est pas une dérive quand partout est promue la marchandisation du monde, il exprime au contraire l’essence d’un mouvement général, d’ailleurs assez tranquille pour se permettre de criminaliser les solidarités. Car l’opération ne s’arrête pas au camouflage des intérêts communs et des causes de l’objet désigné : on a recours à cette qualification pour poursuivre et condamner quiconque accueille ou aide les migrants, le mot est devenu un acte d’accusation, une arme servant par exemple à dissuader le sauvetage en mer par les ONG ou à faire comparaître les Claire Marsol et les Cédric Herrou. Le piratage est parfait : masquer le forfait, et faire porter le chapeau à d’autres. C’est à peine si l’on se souvient de ce que le mot « passeur » peut drainer de fraternité et d’humanité : le passeur est pourtant celui qui transmet, celui qui traduit. Par la force des choses, c’est le passeur de frontières, le lien entre les peuples, les générations, les individus, celui qui relie les hommes, l’ambassadeur de paix. C’est aussi le passeur de savoir, le fil entre les morts et les vivants, c’est la mémoire, la générosité, l’amour, la gratuité, c’est donc un mot de notre camp. On comprend dès lors l’immense bénéfice tiré par nos adversaires de ce détournement de sens : il nous prive de notre langage. Il faut à tout prix les en empêcher et se réapproprier ce mot, lui rendre sa noblesse et son humanité. Nous sommes tous des passeurs !

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2 avril 2017

La banalisation de la procédure dite "Question Prioritaire de Constitutionnalité"

Inspiré par un article de Christine Maugue paru dans les Nouveaux Cahiers du Conseil constitutionnel n° 47 (dossier : 5 ans de QPC) d'avril 2015, voici un petit schéma résumant le bilan quantitatif et la répartition par type de décision de la QPC :

 

QPC(Cliquer pour agrandir)

 

 

 

 

10 mars 2017

Végétarisme/veganisme : réponse à France-Culture

Source : https://www.franceculture.fr/emissions/journal-de-6h30/journal-de-6h30-vendredi-10-mars-2017 (France Culture, vendredi 10 mars 2017, journal de 6h30)

Le reportage

La journaliste : « [Si l'on devient tous végétariens ou vegans,] les surfaces agricoles n'y suffiront pas, sauf à sacrifier les forêts, car il faut plus de terre pour un régime végétal que pour un régime omnivore. On n'oublie en effet certains services rendus par les animaux d'élevage. » Jean-Louis Peyraud directeur scientifique agriculture à l'INRA : "Si on n'avait plus d'animaux demain ou beaucoup moins, que ferait-on des coproduits végétaux qu'on produit ? Quand on cultive du blé, on fait de la farine mais on produit aussi du son. On ne mange pas le son, ou très peu, c'est les animaux qui le mangent. Quand on fait du sucre avec de la betterave, les pulpes de betterave qu'est-ce qu'on en fait ? C'est les animaux qui les mangent. Sans élevage on produirait moins d'aliments à l'échelle d'un pays." »

 

Analyse

L’affirmation de la journaliste est frappante (« il faut plus de terre pour un régime végétal que pour un régime omnivore ») et semble aller contre tout ce que l'on peut lire par ailleurs.

La logique du raisonnement du directeur de l’INRA parait être la suivante : une partie des protéines végétales produites ne sont pas assimilables directement par l'homme (son et pulpe de betterave dans les exemples cités) et elles ont besoin d'être ingérées par les animaux pour être transformées en protéines animales assimilables par l'homme. Pour résumer, la production végétale génère une partie inutilisable telle quelle pour l'alimentation humaine et, cette partie, sans les animaux, devrait être considérée comme une "perte", voire un "déchet".

Si on relie donc les propos de la journaliste et du chercheur, on comprend que l'affirmation surprenante « il faut plus de terre pour un régime végétal que pour un régime omnivore » se justifie par le fait qu'il y aura plus de déchets sur un lopin de terre donné en cas de régime végétal car toute la production ne pourra pas être utilisée pour l'alimentation.

 

Arguties

Au-delà des raccourcis douteux qu'on pourrait discuter, il y a dans ce raisonnement des faits simples étrangement "oubliés", occultés : selon la FAO (2006), 70 % des terres à usage agricole sont, directement ou indirectement, consacrées à l’élevage, que ce soit pour l'alimentation des animaux d'élevage (33% des terres cultivables de la planète) ou pour le pâturage (26 % de la surface des terres émergées non couvertes par les glaces). Rappelons également que des céréales comme le soja, hautement nutritives et directement consommables par les humains, sont affectées, en très grande majorité et de manière singulièrement inefficace, à l'alimentation animale. Car il faut répéter que les animaux sont de piètres convertisseurs d’énergie : le rapport est de 1 kCal restituée pour 7 kCal absorbées.

Contrairement à ce que veut nous faire croire ce reportage, l'alimentation des animaux d'élevage ne repose pas sur un simple "à-côté", le "déchet" ou la "perte" d'une production qui pourrait servir à l'alimentation humaine. Elle représente au contraire un détournement massif de cette production au détriment des humains. A la lumière de ces vérités, ce discours d’apparence scientifique apparaît pour ce qu’il est vraiment : une suite d’arguties, idéologiquement orientée, se concentrant sur le rendement d’une parcelle donnée en termes absolus tout en omettant des paramètres essentiels du système général.

 

terres_agricoles-2Source: http://blog.mondediplo.net/2012-06-21-Quand-l-industrie-de-la-viande-devore-la-planete

 

6 janvier 2017

Comment le directeur de campagne de Clinton s’est fait pirater son compte Gmail ?

John Podesta a reçu un message sur son compte gmail (john.podesta@gmail.com) le samedi 19 mars 2016 à 4h34 du matin.  Cet email, ayant l’apparence d’une alerte de sécurité de Google, indiquait que l’utilisateur devait urgemment changer son mot de passe, pour éviter de se faire pirater. Pour ce faire, l’utilisateur avait à cliquer sur un bouton lui permettant de faire cette opération.

Le sujet de l’email était : « Quelqu’un possède votre mot de passe » (« Someone has your password »). L’expéditeur était identifié comme étant Google no-reply@accounts.googlemail.com

Des détails supplémentaires étaient donnés comme l’adresse IP de l’usurpateur et son pays de rattachement (en l’occurrence l’Ukraine)

La véritable adresse du site pointé par le bouton du message était, pour éviter d’être lue, abrégée par Bitly, un service de liens raccourcis. Elle se présentait donc de la manière suivante (j'ai modifié l'original) :

https://bit.ly/1PibTV3

Voici à quoi en définitive ressemblait le message (c’est un exemple réel reçu par un ancien membre du comité national démocrate) :

 

Scam

Il s’agit d’un cas typique d’escroquerie par hameçonnage (phishing scam).

Il se trouve que John Podesta informe Sarah Latham, sa chef de cabinet, de la réception de cet email. Elle le transfère le même jour pour avis à l’assistance informatique (help desk) de l’équipe d’Hillary. C’est Charles Delavan, un jeune technicien informatique qui traite le problème. Voici la traduction de la réponse qu’il envoie à Sarah, avec en copie la directrice de la communication Shane Hable :

« Sara,

Il s’agit d’un email valide (NDT : legitimate). John doit changer son mot de passe immédiatement, et s’assurer que la double authentification est activée pour son compte.

Il peut aller sur ce lien : https://myaccount.google.com/security pour faire les deux. Il est absolument impératif que cela soit fait AU PLUS VITE.

Si toi ou lui avez des questions, merci de me joindre au <numéro de téléphone>.

Charles Denevan du bureau d’assistance de HFA »

HFA est l’acronyme de Hillary For America.

A première vue, ce message est accablant pour le technicien. En tout cas, Sarah interprète ce message comme une validation de la réalité de l’email reçu par Google. La suite peut facilement se deviner :

John Podesta (ou celui qui gère son compte) a probablement cliqué sur le bouton dans le faux message. S’est ouvert alors une page de connexion sans doute similaire à l’interface Google de changement de mot de passe (pour éviter de se faire piéger, il aurait fallu relire attentivement l’URL dans la barre d’adresse), et l’ancien chef de cabinet de la Maison Blanche du temps de Bill Clinton, y a saisi en confiance ses identifiants, dont son mot de passe "p@ssw0rd". Evidemment le site, mis en place par un groupe de hackers russes appelé Fancy Bear, n’était là que pour récupérer ce mot de passe. Ce groupe est souvent cité comme étant lié au service de renseignement russe, le GRU (Direction générale des renseignements de l’Etat-Major des forces armées de la Fédération de Russie).

Une fois le scandale révélé, le technicien, contacté par le New York Times, assurera, contre toute attente, qu’il avait bien identifié que l’email était une arnaque. L’article rapporte qu’au lieu d’écrire «This is an illegitimate email », il a commis une erreur de frappe et a écrit le contraire : « This is a legitimate email ». Nombreux furent ceux qui le soupçonnèrent de mentir, en faisant remarquer que la forme utilisée de l’article indéfini anglais (« a » devant une consonne au lieu de « an » devant une voyelle) prouvait sa mauvaise foi. Or, recontacté par un journaliste de Slate, Charles Denevan affirmait que le New York Times avait mal retranscrit ses propos et que la faute consistait en l’oubli de la négation : au lieu de « This is a legitimate email », il avait voulu écrire « This is not a legitimate email. »

Pour sa défense, il indiquait que le changement de mot de passe avec l’activation de la double authentification, même si le message reçu était une arnaque, est une pratique recommandée en cas de tentative de hacking. Il fit aussi remarquer qu’il fournissait le bon lien dans son email pour faire l’opération, et que cette instruction n’avait pas été suivie par John Podesta ou son équipe. Enfin interrogé sur le fait qu’il a omis de rappeler dans son message qu’il ne faut surtout pas cliquer sur le bouton proposé, il admettra qu’avec le recul, il aurait dû le faire. Il pensait que c’était su, puisqu’il avait, à plusieurs reprises, donné l’instruction de ne jamais cliquer sur des liens suspects.

Difficile de trancher sur la bonne foi de l’informaticien. Quoi qu’il en soit, on le voit, la technique utilisée est, somme toute, assez rudimentaire et revient toujours à la même méthode : soutirer le mot de passe de la part de l’intéressé lui-même.

Sources :

https://wikileaks.org/podesta-emails/emailid/34899

http://www.slate.com/articles/technology/future_tense/2016/12/an_interview_with_charles_delavan_the_it_guy_whose_typo_led_to_the_podesta.html

http://www.nytimes.com/2016/12/13/us/politics/russia-hack-election-dnc.html

https://en.wikipedia.org/wiki/Podesta_emails

https://en.wikipedia.org/wiki/Fancy_Bear

 

Dédicace à l'ingénieur support :

Rag'n'Bone Man - Human (Official Video)

 

20 novembre 2016

La nourriture qui échappe aux pauvres

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Le remplacement sur France Culture de l’émission « Terre à terre » de Ruth Stégassy par l’émission « De cause à effets, le magazine de l’environnement » d’Aurélie Luneau m’apparaît pour l’instant, avec le recul d’une dizaine d’émissions, comme une petite catastrophe. Mais ce n’est pas l’objet de ce billet, et peut-être faut-il laisser mûrir la nouvelle formule avant de porter un jugement définitif. Contentons-nous pour le moment d’apprécier une intervention de Marc Dufumier, petite pépite dénichée dans une émission consacré au bio le 30 octobre dernier :

Aurélie Luneau :  « Une agriculture bio est-elle juste un doux rêve ou une réalité future pour nourrir la planète, aujourd'hui 7,3 milliards d'habitants, demain 9,5 milliards à horizon 2050 ? »

Marc Dufumier : « Oui exactement il faudra nourrir une population croissante. »

AL : « Est-ce qu'une agriculture bio demain peut envisager de nourrir la planète ? »

MD : « La réponse est catégorique : oui, c'est parfaitement possible. Figurez-vous que dans notre alimentation on a besoin d'énergie, les kilocalories, de protéines, de vitamines, de minéraux, de fibres, d'antioxydants. La première nécessité est quand même l'énergie alimentaire, on en a impérativement besoin, et ça nous vient du soleil, pas de pénurie annoncée des rayons du soleil avant un milliard et demi d'années donc soyez sans crainte. Si vous faîtes une agriculture avec une couverture végétale la plus totale, la plus permanente, les rayons du soleil tombent sur des feuilles, et la feuille transforme cette énergie solaire en énergie alimentaire, c'est gagné. Cette énergie, on appelle ça sucre, on l’appelle amidon, on l’appelle lipides, ce sont les hydrates de carbone. La plante trouve le carbone dans le gaz carbonique de l'atmosphère. Y a-t-il pénurie de gaz carbonique ? Non c'est un gaz pléthorique, c'est un gaz à effet de serre. L'agriculture intensive qui ferait un usage intensif de ce gaz carbonique, la plante prend le carbone, libère l'oxygène pour nos poumons, fabrique du sucre, de l'amidon, des lipides, et pourquoi pas de la paille, de l'humus, je suis vraiment pour. On a besoin de protéines, alors quand même juste petite difficulté, c'est la gestion de l'eau qui fait que la plante, parce qu'il faut qu'elle transpire pour pouvoir par les petits trous par lesquels elle transpire, intercepter le gaz carbonique. C'est donc la gestion de l'eau qui est effectivement un des aspects les plus importants en termes techniques. Et les protéines, ce sont les hydrates de carbone, auxquels on ajoute de l'azote, l'azote vient de l'air, 79% de l'azote dans l'air, pas de pénurie annoncée avant des siècles, mais rajouter de l'azote pour fabriquer des protéines, c'est coûteux en énergie. Là l'agriculture industrielle utilise des engrais de synthèse coûteux en énergie fossile, et l'agriculture biologique utilise ces fameuses plantes de l'ordre des légumineuses qui sont capables en circuit court, ce sont des microbes qui les aident à faire ça, d'intercepter l'azote de l'air, de fabriquer des protéines, de fertiliser le sol en azote, c'est-à-dire que les cultures qui vont suivre après, dans la rotation et l'assolement, seront ainsi fertilisées en azote. Vous voyez que cette agriculture biologique est savante et diversifiée, c'est elle aussi qui va accueillir les coccinelles, les abeilles, les mésanges pour neutraliser les larves de carpocapse. C'est une agriculture hyper-savante qui nous permet de nourrir une population croissante, de façon saine, sans aucun problème. La question de l'alimentation dans le monde n'est déjà pas aujourd'hui un problème de la disponibilité des nourritures, c'est une question de pouvoir d'achat. Les gens ne parviennent pas à acheter une nourriture qui pourtant existe. Et cette nourriture excédentaire que nous avons aujourd'hui dans le monde est gaspillée par certains, elle sert à nourrir des animaux en surnombre par d'autres et de plus en plus elle sert à abreuver des voitures en éthanol, en diesel, en agrocarburant. Il y a de la nourriture qui échappe à des pauvres, qui est achetée par plus riches pour en faire du gaspillage, nourrir les cochons, ou abreuver les voitures. »

France Culture, De cause à effets, le magazine de l'environnement, Le bio dans tous ses états !, Aurélie Luneau, 30 octobre 2016.

 

Pour comprendre dans le détail chacun des points décrits ici, on pourra utilement regarder la vidéo pédagogique de C par sorcier (France 3) :

C'est pas sorcier -AGRI.BIO

 

 

16 novembre 2016

Infigurabilité

Estimation : 140 milliards d'animaux sont tués chaque année pour être mangés par l'Homme. 140 milliards. Chaque année. 140 000 000 000. Se répéter ce chiffre plusieurs fois. 140 milliards. Se le répéter tout en sachant ce nombre infigurable. L’imagination a ses limites. Tenter quand même, par des détours, des découpages par exemple, au cas où une évocation nous frapperait davantage. Chaque année, nous tuons l’équivalent de vingt fois la population humaine sur terre. Chaque année. Sans doute encore trop abstrait. Essayons encore : 4500 animaux sont tués par seconde pour être mangés. Chaque seconde. Tic. Tac. 4500. Ces chiffres débordent tous les mots qui se terminent en –cide. En tout cas, nous sommes un cran au-dessus de toute extermination, du moins nous sommes dans un ailleurs ineffable, puisque le concept d’extermination transpire une finalité absente de ce qui nous occupe ici. Il faudrait un terme témoignant d’un vouloir inflexible et aveugle de renouveler sans fin un massacre inutile, en dépit de tout bon sens et de toute sensibilité. De toute humanité oserait-on dire, si la conscience de l’obscénité de cette expression ne nous crevait les yeux. Nous organisons une natalité de masse pour pouvoir perpétrer sempiternellement un massacre de masse au milieu d’une souffrance de masse. Au point où l’écœurement devient ontologique.

Graffiti animaux

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