Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le bréviaire de Fairing
23 septembre 2014

La supériorité de l’égalité

Photo personnelle : Sculptures d'Igor MitorajPhoto personnelle (2010) : Sculptures d'Igor Mitoraj

« Je leur dis que la fraternité est un rêve, un sentiment nuageux, inconsistant ; qu’il est contraire à l’homme de haïr un inconnu, mais qu’il lui est également contraire de l’aimer. On ne peut rien baser sur la fraternité.

Sur la liberté non plus : elle est trop relative dans une société où toutes les présences se morcellent forcément l’une l’autre.

Mais l’égalité est toujours pareille. La liberté et la fraternité sont des mots, tandis que l’égalité est une chose. L’égalité (sociale, car les individus ont chacun plus ou moins de valeur, mais chacun doit participer à la société dans la même mesure, et c’est justice, parce que la vie d’un être humain est aussi grande que la vie d’un autre), l’égalité, c’est la grande formule des hommes. Son importance est prodigieuse. Le principe de l’égalité des droits de chaque créature et de la volonté sainte de la majorité est impeccable, et il doit être invincible et il amènera tous les progrès, tous, avec une force vraiment divine. Il amènera d’abord la grande assise plane de tous les progrès ; le règlement des conflits par la justice qui est la même chose, exactement, que l’intérêt général.

Ces hommes du peuple qui sont là, entrevoyant ils ne savent encore quelle Révolution plus grande que l’autre, et dont ils sont la source, et qui déjà monte, monte à leur gorge, répètent :

— L’égalité

Il semble qu’ils épellent ce mot, puis qu’ils le lisent clairement partout – et qu’il n’est pas sur la terre de préjugé, de privilège et d’injustice qui ne s’écroule à son contact. C’est une réponse à tout, un mot sublime.

Ils tournent et retournent cette notion et lui trouvent une sorte de perfection. Et ils voient les abus brûler d’une éclatante lumière. »

Extrait du chapitre XXIV du roman Le Feu (Journal d'une escouade), Henri Barbusse (1916)

Publicité
Publicité
Commentaires
G
Salut! Je comprends tout à fait le sentiment de l’auteur, mais je ne sais pas si l’égalité n’est qu’un mot, tout comme la fraternité et la liberté. Je m’inspire du fameux dicton de George Orwell pour dire cela : « Tous les animaux sont égaux, mais certains sont plus égaux que d'autres ». Dans ce contexte l’égalité est utilisée pour mieux contrôler l’esprit de la masse. Un mot d’une grande puissance, certes ; mais rien de plus qu’un mot.
Répondre
Le bréviaire de Fairing
Publicité
Le bréviaire de Fairing
Archives
Me suivre sur Twitter
Visiteurs
Depuis la création 47 575
Publicité