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Le bréviaire de Fairing
15 janvier 2016

France 1975 : la femme peut-elle faire la révolution ?

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Dans une contribution datée de 1975, Denise Avenas, alors membre de la direction fédérale du Nord de la LCR, aborde la question de la reconnaissance des femmes au sein des organisations révolutionnaires :

« Si la prise en considération du facteur humain est rare dans les organisations révolutionnaires, c’est pour des raisons d’efficacité politique sans doute, mais aussi pour une grande part par politique de l’autruche. […] Le temps où les militantes étaient considérées – de façon tout aussi inavouée que condescendante – comme des camarades de seconde zone (le terme est à peine excessif), devant se cantonner à quelques exceptions près à des tâches d’exécutantes (on avait quelque peine à imaginer qu’une femme puisse penser toute seule), ou à être les secondes plus ou moins brillantes de tel ou tel, n’est pas si éloigné. Il leur revenait tout naturellement d’assumer les tâches familiales – je garde les gosses parce qu’il est plus, etc., etc., etc. – ou d’assurer le repos du guerrier. Pour le reste, ce qu’il était convenu d’appeler l’émancipation de la femme se réduisait à une « libération sexuelle » qui avait plus à voir avec la décadence de la morale bourgeoise qu’avec l’élaboration de nouvelles relations humaines. Il ne serait venu à personne l’idée de combattre sérieusement, en termes « politiques » ces « problèmes personnels » - jusqu’à ce que les principales intéressées le fassent en tout cas. […] En prétendant se hausser d’ « objets » de la politique au rang de militantes à part entière, les femmes ont contribué à faire éclater cette scission entre la vie politique et la vie privée dont elles étaient les principales victimes, à poser en termes politiques ce qui n’était jusque-là – en pratique, sinon en théorie – que des problèmes personnels ». […] Jusqu’à une période récente, et en dépit des proclamations contraires, il allait de soi que les hommes étaient plus capables, plus disponibles, etc. pour faire de la politique. Il allait de soi qu’il leur revenait en premier lieu de faire la révolution, en vertu d’une sorte de « nécessité sociale » qui n’était combattue ou dénoncée qu’en paroles. » Denise Avenas, « L’idéal militant ?... »,  Marx ou crève. Revue de critique communiste, juin-juillet 1975, p. 82, texte cité dans le livre de Florence Johsua, « Anticapitalistes - une sociologie historique de l’engagement », 2015, aux Editions La Découverte.

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